Fañch Rebours, professeur depuis 25 ans, est enseignant bilingue en langue bretonne en cycle 2 bilingue à l’école Jacques et Mona Ozouf, à Plouha, dans les Côtes-d’Armor. Dans l’enseignement bilingue public, la moitié des 24 heures de classe hebdomadaire sont dispensées en breton.
Vous utilisez Les fondamentaux bilingues dans le cadre de votre enseignement bilingue : pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’enseignement bilingue ?
Le projet pour la Bretagne est d’effectuer un rattrapage historique sur une langue que l’Unesco classe « en grand danger de disparition ». Le plan élaboré par le conseil régional et le rectorat a pour objectif de scolariser, dans un premier temps, 20 000 enfants en enseignement bilingue, objectif presque atteint.
Par ailleurs, de nombreux parents font le choix d’inscrire leur enfant en bilingue car ils ont bien compris l’intérêt du bilinguisme précoce. En effet, les psycholinguistes ont montré que l’apprentissage par immersion d’une deuxième langue avant 8 ans renforce la plasticité du cerveau. Ces élèves seront plus agiles dans les processus cognitifs impliquant la concentration, la sélection d’informations, les capacités d’adaptation face au changement ou encore l’inhibition. Les petits bilingues apprendront avec plus de facilité d’autres langues vivantes, mais ils auront également un accès plus aisé aux langages mathématique, musical, et s’adapteront plus facilement dans un monde multiculturel et changeant.
Quelle est votre pratique pédagogique avec Les fondamentaux ?
J’utilisais déjà Les fondamentaux dans mon enseignement en français, en particulier en grammaire, car les enfants sont très demandeurs et je les trouve très bien faits. Je rêve de Fondamentaux en breton qui nous permettent d’étudier également la langue bretonne !
Lorsque j’utilise une vidéo Les fondamentaux en breton, mon objectif est à la fois linguistique – apprendre du vocabulaire, faire entendre du breton par d’autres locuteurs que moi – mais aussi disciplinaire ; la vidéo me permet d’aborder ou de réviser une notion scolaire en mathématique ou en science afin de faire de la langue bretonne une langue également vecteur d’apprentissage et non seulement un objet d’apprentissage.
Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?
Il y a peu de vidéos en breton pour le cycle 2 mais j’ai par exemple utilisé celles sur les végétaux : Ar plant, boudoù bev et Kelc’hiad buhez ar plant.
Dans ce cas particulier, nous abordons la notion avec des manipulations en classe, en faisant pousser des végétaux, par exemple.
Je fais un travail préparatoire sur le lexique en breton. Puis nous visionnons la vidéo plusieurs fois. Les consignes varient, par exemple faire noter aux élèves les mots de vocabulaire qu’ils n’ont pas compris, ou bien au contraire, ceux qu’ils ont compris.
La vidéo Les fondamentaux est pour moi l’un des possibles documents. Il en existe beaucoup d’autres, notamment sur le site TES - Ti-Embann ar Skolioù. Une vraie mine d’or !
Avec quels résultats ?
Bien entendu, les élèves font des progrès sur le plan de l’acquisition de la langue. Il faut bien se rendre compte que la plupart d’entre eux ne sont quasiment pas exposés à la langue bretonne en dehors de l’école, sauf certains avec leurs grands-parents ou bien ceux qui ont des parents qui s’efforcent d’apprendre le breton en même temps qu’eux.
Mais surtout, ils y prennent du plaisir. C’est pour moi absolument essentiel : cette langue bretonne, qui n’est quasiment plus une langue de communication, doit être une langue qui procure de la joie.
Quelles limites voyez-vous à l’usage de ces vidéos ?
Aucune, si ce n’est qu’il en faudrait beaucoup d’autres, et surtout pour le cycle 2 (rires) !
Écoutez Fañch Rebours à partir du 1er décembre sur Extra classe, votre plateforme de podcasts préférée.